Sous la direction de Fãnch Thoraval et Brigitte Van Wymeersch, Turnhout, Brepols, 2021
Lorsqu’à l’aube du XVIIe siècle s’éteignent les voix du montois Roland de Lassus (Munich, 1594) et du valenciennois Claude le Jeune (Paris, 1600), la vie musicale ne s’arrête pas pour autant dans le comté de Hainaut : les individus continuent d’y chanter, jouer et écouter, les institutions de fonctionner et d’offrir à d’innombrables musiciens le cadre de pratiques aussi denses que diversifiées. Si la célébration de ces gloires musicales a placé le Hainaut au cœur de l’histoire de la musique renaissante, elle l’a relégué durant les siècles suivants, sans doute par effet de contraste, à un désert musicographique. C’est cette lacune que le présent ouvrage entend combler en se penchant sur la musique en Hainaut depuis l’avènement des archiducs Albert et Isabelle à la toute fin du XVIe siècle, jusqu’aux guerres révolutionnaires du XVIIIe siècle. Soumis à d’incessants bouleversements géopolitiques, situé à l’écart des grandes routes commerciales, dépourvu de siège diocésain ou universitaire, le Hainaut offre l’occasion d’écrire une histoire de la musique qui ne se limite pas aux grands centres politiques et économiques retenant habituellement l’attention. En adoptant successivement des points de vue politiques, religieux et socioéconomiques, vingt-quatre contributeurs explorent la vie musicale de ce territoire qui reste encore largement inexplorée. Ils et elles mettent ainsi au jour les pratiques musicales de grands seigneurs autant que de bourgeois méconnus, la facture instrumentale et l’édition musicale autant que la fonte de cloches, les grandes collégiales ou les congrégations religieuses autant que les théâtres communaux ou les loges maçonniques.