Grégory Rauber
Collection « Épitome Musical », Brepols Publishers
Publication Year : Forthcoming 2025
En 1666, la « Methode facile pour apprendre à chanter la musique » (Paris, Ballard), est le premier ouvrage imprimé en France à recommander l’utilisation du Si. Cette septième syllabe de solmisation permet de s’affranchir du solfège ancien, des hexacordes et des muances. La gamme du Si, ou gamme française, s’impose comme une nouvelle norme, parallèlement à une actualisation du discours sur les échelles musicales, prélude à l’énonciation des principes de la tonalité.
Pourtant, depuis la fin du XVIe siècle, des solmisations heptacordales essaiment ailleurs, de l’Italie au Danemark. La France semble à rebours du reste de l’Europe : elle tarde à réagir à ce nouveau modèle et s’avère finalement être le seul pays où le Si est intégré durablement. Quel fut le cheminement de ces idées et pratiques ? Que disent-elles des représentations de l’espace sonore qui coexistent et s’anamorphosent au XVIIe siècle, isthme entre Humanisme et Lumières ? Ces questions serpentent dans la littérature depuis que Brossard, Montéclair ou Rousseau s’en sont emparés.
L’étude de sources essentiellement manuscrites permet aujourd’hui de préciser les jalons de cette histoire en France, de mettre en lumière des pionniers autant que des détracteurs du Si. Leurs témoignages sont issus de l’entourage scientifique de Mersenne, des sphères huguenotes et mauristes, des chapelles musicales parisiennes et finalement des méthodes destinées aux amateurs. C’est en questionnant ces pionniers, leurs écrits et les contextes dans lesquels ils ont évolué que ce pan de l’histoire du solfège est ici mis en perspective et, d’une certaine manière, humanisé.